La micro-méthanisation 100 % lisier !

Parmi l’éventail français des modèles de production de biogaz (méthanisation territoriale, industrielle, collective agricole, individuelle à la ferme…), la micro-méthanisation séduit : autonomie, investissement et charge de travail maîtrisés, amélioration du bilan carbone… La production de biogaz est complémentaire de l’élevage, sans être un atelier à part entière.

La production de biogaz est complémentaire de l’élevage. La micro-méthanisation est alimentée à partir d’effluents d’élevage et produit de l'électricité.
La cuve de digestion et le caisson de cogénération.

La micro-méthanisation désigne les installations essentiellement alimentées à partir d’effluents d’élevage. Dans la quasi-totalité des cas, le biogaz est valorisé sur un moteur pour être converti en électricité revendue à EDF, et en chaleur valorisable sous forme d’eau chaude, sur l’exploitation ou dans son voisinage.

Pour une performance maximale, la condition est de travailler en lisier frais, ce qui est relativement facile en élevage bovin… si le bâtiment s’y prête ! En système logettes, le lisier raclé en bout de bâtiment, est stocké quelques heures dans une préfosse, puis pompé plusieurs fois par jour vers le digesteur, où il va fermenter 3 à 4 semaines.

En Normandie, ça “gaze” depuis le mois de mai !

Engagé pour ses clients dans le développement des produits innovants. Cultivert  a organisé, en juin, la visite d’une exploitation agricole où c’est le seul lisier bovin qui produit quotidiennement du biogaz. C’est dans l’Orne que la première unité française est sortie de terre. D’autres unités sont déjà en cours de mise en service.

Le procédé Biolectric, venu de Belgique (plus de 80 installations), se développe en France depuis 2015. Il propose des unités standardisées et automatisées pour la valorisation de lisier bovin.

Suite à l’évolution du prix du lait dans notre AOC, nous cherchions un complément de revenu sans avoir recours à une main d’oeuvre supplémentaire

expliquent Didier Soubien et Emilien Ballon, associés au sein du Gaec des Mottes.

Et de rajouter : “ce qui nous motive, c’est aussi de valoriser nos lisiers pour produire à la fois une énergie renouvelable et un fertilisant organique, le digestat”.

Enfin, l’eau chaude issue de la cogénération est valorisée sur les bâtiments porc.

Les 4 associés de l’exploitation conduisent une production porcine et laitière : cette dernière  devrait avoisiner les 1 400 000 litres de lait début 2017, suite à un agrandissement du troupeau.

Fin 2014, le Gaec entame les démarches administratives pour la construction d’une unité de méthanisation de 44 kW (2 moteurs de 22 kW). Suite au montage de l’unité fin 2015, le démarrage est repoussé au printemps 2016, dans l’espoir de profiter du nouveau cadre réglementaire (voir encadré).

Cultivert a invité les agriculteurs bretons intéressés dans l’Orne, sur une unité de microméthanisation qui valorise exclusivement du lisier de bovins.
Cultivert a invité les agriculteurs bretons intéressés dans l’Orne. Sur une unité de microméthanisation qui valorise exclusivement du lisier de bovins.

Un bonus de 30 € / 1000 l de lait

Aujourd’hui, le troupeau de vaches laitières produit chaque jour 10 m3 de lisier. Emilien Ballon, aux manettes de ce nouvel outil, en fait un premier bilan.

“En ce moment, en période de pâturage, nous sommes en moyenne à 50 % du potentiel de production électrique. A terme, l’agrandissement du troupeau permettront d’atteindre les pleines capacités de l’installation. Soit un bonus de 30 € / 1000 L de lait.” Estime Didier Soubien.

 

Didier Soubien fait part de son expérience sur son projet "micro-méthanisation"
Didier Soubien fait part de son expérience sur son projet “micro-méthanisation”

Quelques chiffres…

Nombre de vaches laitières Production journalière de lisier (en m>3, hors eaux de lavage) Puissance électrique de cogénération (en kW)

100

8

22

150

12

33

200

16

44

Ces chiffres sont donnés à titre indicatif et doivent être affinés au cas par cas, en fonction notamment des pratiques de pâturage et de la productivité laitière.

Tarif de rachat de l’électricité : où en est-on ?

A l’initiative du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie (MEDDE). Un groupe de travail nommé « Mécanismes de soutien au biogaz » s’est réuni  à plusieurs reprises entre mars et juillet 2015. Cette concertation a aboutit à un projet d’arrêté aujourd’hui en attente de validation. Pour simplifier, les discussions ont lieu entre la Commission Européenne, le MEDDE et la Commission de Régulation de l’Energie (CRE).

Dans le projet d’arrêté, le tarif de rachat se découperait ainsi (en centimes d’euros / kWh électrique injecté sur le réseau)

tarif de base (de 15 à 17,5) + prime effluents d’élevage  (0 à 5) = soit un maximum de 22,5 centimes d’euros / kWh pour une installation de puissance inférieure à 80 kW. Dont la ration serait composé à plus de 60 % d’effluents d’élevage.

Autre point majeur, la durée du contrat pourrait être porté de 15 à 20 ans, ce qui serait un signal encourageant pour la filière. Et un gage de confiance supplémentaire pour faciliter le montage financier des projets.

A l’heure actuelle, le projet d’arrêté est étudiée par la commission européenne et sa publication en France devrait avoir lieu, dans le meilleur des cas, à compter de l’automne 2016. Encore un peu de patience !